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L'AGRESSIVITE EN JEU DANS L'ACCUEIL DE L'AUTISTE

J'ai essayé, à partir d'une expérience de travail en institution qui accueille des enfants et adolescents, notamment des autistes, de repérer l'agressivité à l' œuvre tant au niveau de l'équipe qu'au mien.


Ce qu'il y a de terrible avec les psychotiques, c'est "qu'on a l'impression de ne pas s'y reconnaître". Je serais tenté d'ajouter "on a peut-être peur de s'y reconnaître". J'argumenterai ces deux affirmations paradoxales de cette manière.


On ne s'y reconnaît pas

Une chatte n'y reconnaîtrait pas ses petits. Voilà une expression qui me vient à l'esprit concernant l'autiste. Je présume que le désir d'ancrer l'autisme dans la génétique, pourrait bien en s'étayant sur l'éthologie, trouver son origine à partir d'une réflexion comme celle-ci. Ce qui pourrait s'articuler ainsi: s'il Y a chez l'animal un instinct d'attachement et s'il fait défaut chez l'enfant humain, on peut supposer qu'il y a une tare.

Chez l'enfant autiste cette "pulsion d'attachement" semble n'avoir jamais pu se mettre en place. D'ailleurs il n'a jamais pu regarder sa mère: signe pathognomonique de l'autisme. Ce qui, pour les tenants de l'origine génétique, expliquerait les troubles psychiques que la mère présenterait lors des entretiens. L'enfant la rendrait "folle".

La mère n'est pas reconnue par l'enfant autiste. Pour le soignant c'est aussi au niveau de son identité qu'il ne va pas se sentir reconnu. L'éducateur comportementaliste par contre sera gratifié dans sa démarche: il réussira à obtenir quelque chose de lui.

L'autiste ne reconnaît pas d'autre en face de lui, ni la mère ni le soignant. Il est dans le refus, l'évitement.


Ce qui est insupportable avec la personne autiste c'est que, dans notre relation avec elle, nous sommes renvoyés à nous-même. Il n'y a pas d'accroche, tous les stratagèmes peuvent être employés, l'autiste nous ignore. Il n'y a aucune possibilité d'identification.

C'est l'impossible à s'y reconnaître qui semble mettre en jeu la composante agressive.


Lacan, dans ce qu'il décrit du stade du miroir et dans son schéma L, montre bien qu'en fait, c'est parce qu' il y a intersubjectivité, différence, qu'il y a constitution de l'agressivité.'

Cette agressivité apparaît dans les propos fort provocateurs d'un membre du personnel de l'institution lorsqu" il dit « ces gosses-là sont pires que des bêtes, on aurait dû les euthanasier". Il ne cache d'ailleurs pas sa jouissance à révéler "tout haut ce que les autres, pensent tout bas ». Tous ces "tralalas" qui l'exaspèrent c'est ce qu’il définit comme étant "le discours pompeux et hypocrite de certains de ses collègues qui agissent soi-disant pour le bien de l'enfant mais sans le considérer plus pour autant ».


Ce que ce professionnel traduit, me semble-t-il, c’est son impossibilité à (se) reconnaître l’humain chez l’autiste.

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